Oh Kaliszanka
Ô esprit ! Pourquoi t'abandonner aux pensées vaines ?
Ce faste rituel et ce culte sont vainsQui accroissent encore la vanité de l'esprit !
Que ta prière à Elle soit secrète, que nul n'en sache.
À quoi bon ces poupées de métal ou de cuivre ou de terre ?
Ne sais-tu pas, insensé, que l'univers entier est l'image de la Mère ?
Tu apportes une poignée de graines, effronté,
comme une offrande à la Mère, à Celle
qui nourrit le monde d'aliments délicieux !
À quoi bon, fou, illuminer ainsi
de lanternes, de bougies et de lampes ?
Fais plutôt que grandisse la lumière de l'esprit,
qu'il dissipe sa propre ténèbre, nuit et jour.
Tu as amené d'innocentes chevrettes au sacrifice.
Égoïsme cruel !... Pourquoi ne pas dire : VICTOIRE A KALI !
Et sacrifier tes passions, ennemies véritables.
Pourquoi frapper les tambourins ?
Dépose plutôt ton esprit à Ses pieds en disant :
Que ta volonté, ô Kali, soit faite !
Et puis bat des mains.
Plus je ne t'invoquerai par ce doux nom, Mère !
Tu m'as donné d'innombrables chagrins
Et m'en réserves plus encore, je le sais !
J'avais une maison, une famille et me voilà
par ta grâce dépossédé de tout sur terre.
Que puis-je endurer d'autre, je ne saurai le dire.
Qui ne sait que je dois mendier pour mon pain de porte en porte ? Et pourtant, je suis dans l'attente.
Un enfant ne doit-il pas vivre, sa mère morte ?
Rampraçad était bien l'enfant de sa Mère,
mais toi, ô Mère, tu as traité ton fils en ennemi.
Si, aux yeux de sa mère, l'enfant souffre à ce point,
à quoi bon cette Mère pour l'enfant ?
Ô Mère, quel est ce crime que j'expie
durant ma longue vie dans la prison du monde ?
Le matin, je travaille ; combien dure est ma part.
Je m'en vais çà et là gagner un salaire sans honneur.
Quelle désillusion rongeuse me possède !
Et cependant, ô Mère, par quels charmes profonds
n'as-tu pas attaché mon âme à ce vain monde !
En m'appelant sur cette terre, innombrables
ont été les peines assemblées le long de mon destin.
Elles me consument et le jour et la nuit.
Oh ! Mère, je ne désire plus la vie ! »
26/08/2024 à 01:51